Jacques Piquée : Le saule marsault

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Le saule marsault (Salix capraea) de la famille des salicacées

Synonyme : saule des chèvres
Jusqu’à présent, les différentes floraisons qui se succèdent depuis le début de l’année dans les parcs et les jardins, dans les prés et les sous-bois… constituent plutôt «une mise en bouche» pour les butineuses plutôt qu’une réelle rentrée importante de nourriture.
Avec la floraison du saule des chèvres ou saule marsault, on entre véritablement de plain-pied dans la saison apicole. Ce petit arbre modeste mais très commun constitue en effet un véritable hyper-marché pour butineurs affamés. Il fournit en quantité, nectar et pollen de qualité qui, pour peu que les conditions climatiques soient favorables, auront une réelle répercussion très positive sur l’évolution des colonies.
Les conditions météorologiques des mois de février et mars sont donc primordiales pour permettent aux butineuses de profiter pleinement de cette aubaine que constitue la miellée du saule marsault.
Etymologie
L’appellation saule des chèvres fait référence à l’utilisation des jeunes branches et des feuilles pour nourrir ces animaux.
En forêt ,le saule marsault est très apprécié par les cervidés (cerfs et chevreuils notamment).
Description

Le saule marsault est une essence pionnière qui pousse dans tous les sols suffisamment humides bien que, contrairement à la plupart des autres espèces de ce genre important, il peut se contenter de sols maigres caillouteux et drainants. Selon le type de sols justement, il se présente soit comme un arbuste plus ou moins ramifié soit comme un petit arbre au tronc tourmenté et qui ne dépasse généralement pas la dizaine de mètres. Cette espèce étant héliophile (qui aime la lumière), elle disparaît progressivement dès que le milieu se ferme et sa durée de vie n’excède généralement pas la floraison s’effectue en chatons dressés bien avant l’apparition des feuilles. La particularité importante du saule des chèvres est qu’il sépare les sexes sur deux plantes différentes. On parle d’une espèce dioïque.

Les pieds mâles donnent des chatons d’abord blanc duveteux qui deviennent jaune poussin au moment de la pleine floraison. Ils fournissent du pollen et du nectar.
Les pieds femelles donnent des chatons gris-vert qui ne fournissent que du nectar. Dans les deux cas, ce nectar et libéré par un nectaire situé à la base de chacune des nombreuses fleurs qui constituent l’ensemble du chaton. Ce pollen et ce nectar sont évidemment à la base de la pollinisation par les insectes ce qui différencie le saule des autres arbres forestiers à chatons plutôt généralement pollinisés par le vent (hêtre, chêne, charme…).
Les chatons mâles du saule tombent très tôt après la floraison alors que les fleurs des chatons femelles se transforment en capsules à extrémité bifide. Elles éclatent dès la première quinzaine de mai en libérant de minuscules graines munies de soies qui facilitent la dispersion par le vent (anémochorie). Ces graines ont une faculté germinative extrêmement courte car elle doivent germer dans le mois qui suit leur dissémination sans quoi elles seront définitivement perdues. Certaines années, la quantité de graines émises est telle qu’on parle de «la neige des saules».
Les feuilles alternes apparaissent quelque temps à peine avant la fructification. Elles ressemblent beaucoup à celles d’un pommier. Elliptiques à bords ondulés et à extrémité pointue, elles sont vert-foncé dessus et blanc-duveteux à la face inférieure. Leur base présente parfois deux stipules, sortes de minuscules feuilles situées de part et d’autre de la base du pétiole. Elles tombent en automne sans changement spectaculaire de couleur. Elles se décomposent rapidement et fournissent un humus de bonne qualité.

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Les chatons du saule des chèvres sortent d’un gros bourgeon ovoïde protégé par une seule écaille brunâtre. Avant la floraison complète ils se présentent sous forme de petits coussinets soyeux très décoratifs et très utilisés lors des fêtes de Pâques.
Ici on devine de futurs chatons mâles avec les anthères des étamines jaunes encore protégées par une bractée à extrémité noirâtre.
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Chaton mâle au moment de la pleine floraison.
Il présente de nombreuses étamines. Les nectaires sont ici invisibles car situés à la base et noyés dans la masse des bractées et des filets.
Les abeilles mellifères profitent très largement de cette importante quantité de nourriture.
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Le saviez-vous ?
-La présence du saule marsault dans les jeunes plantations forestières protège celles-ci des dégâts potentiels provoqués par le grand gibier (cerf et chevreuil).
-Contrairement à la plupart des autres espèces du genre, le saule marsault ne se multiplie pas par bouture mais essentiellement par semis ou par greffage pour son cultivar ‘Pendula’.

Les chatons femelles sont gris-vert. Egalement activement visités par les abeilles, ils ne fournissent que du nectar.

Chaque fleur femelle du chaton évolue en une capsule qui éclate en libérant une importante quantité de graines soyeuses disséminées par le vent. Dans certain cas cette abondance évoque la neige comme ici le long d’un chemin en mai.

Outre l’abeille mellifère, les chatons mâles et femelles du saule des chèvres attirent de très nombreuses espèces d’abeilles solitaires parfois spécifiques.

Cultiver des plantes mellifères en ville et au jardin
Paru en janvier 2016

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