La cohabitation des guêpes et des abeilles

Quand on parle des guêpes, la plupart des gens lèvent les yeux au ciel. On les imagine tournoyant autour d’un verre de jus ou d’un barbecue d’été. Les abeilles, elles, ont meilleure réputation : travailleuses, indispensables, presque sacrées. Pourtant, sur le terrain, dans les champs et les vergers, ces deux insectes se croisent bien plus souvent qu’on ne le pense. Et leur cohabitation, parfois tendue, fait partie de l’équilibre fragile de la nature .


Deux cousines bien différentes

Abeilles et guêpes appartiennent toutes deux à l’ordre des hyménoptères, mais leurs modes de vie divergent.
Les abeilles, comme celles que j’élève dans mes ruchers du Jura, sont des insectes pollinisateurs. Elles se nourrissent exclusivement de nectar et de pollen, qu’elles transforment en miel pour nourrir la colonie.
Les guêpes, elles, sont omnivores. Si elles apprécient le sucre en fin d’été, elles passent la belle saison à chasser d’autres insectes pour nourrir leurs larves.
C’est là toute la différence : les abeilles sont des collectrices pacifiques, les guêpes des chasseuses opportunistes. Leur instinct n’est pas le même, mais leurs chemins se croisent souvent — surtout quand les ressources deviennent rares.

Une cohabitation dans la nature

Dans les prairies ou les lisières de forêt, abeilles et guêpes se partagent parfois les mêmes fleurs. Les guêpes y viennent surtout pour boire un peu de nectar, tandis que les abeilles y butinent consciencieusement. Il n’y a généralement pas de conflit : chacune vaque à ses affaires.
Le problème survient à la fin de l’été, quand les colonies de guêpes se désorganisent. Les reines de l’année suivante sont déjà fécondées et les ouvrières, devenues inutiles, cherchent de la nourriture à tout prix. Attirées par le sucre, elles rôdent autour des ruches, flairant les cadres de miel ou les nourrisseurs laissés ouverts. Et là, la cohabitation peut tourner à l’affrontement.

Quand les guêpes attaquent les ruches

J’ai vu, certaines années, des guêpes s’en prendre à mes colonies affaiblies. Elles s’introduisent par les entrées, pillent les réserves et s’enfuient avec un peu de miel. Une ruche forte saura se défendre : les abeilles forment une garde resserrée à l’entrée et repoussent les intruses à coups de dard. Mais les ruches plus faibles, surtout en fin de saison, peuvent être lourdement affectées.
Pour limiter les dégâts, j’installe parfois des réducteurs d’entrée sur mes ruches, afin de faciliter la défense. Je veille aussi à ne pas laisser de miel à découvert : l’odeur du sucre attire les guêpes à des kilomètres à la ronde.

Des ennemies… mais aussi des alliées

Malgré ces tensions, les guêpes ne sont pas que des “mauvaises voisines”. Elles jouent un rôle écologique essentiel. En chassant des mouches, des chenilles et des insectes nuisibles, elles participent à l’équilibre des écosystèmes.
Dans les vergers ou les potagers, elles sont de précieuses régulatrices naturelles. Certaines espèces contribuent même, modestement, à la pollinisation de certaines plantes sauvages.
Autrement dit, si les abeilles sont les jardinières patientes de la nature, les guêpes en sont les gardiennes armées. Leur présence, même parfois érangeante, fait partie de la biodiversité.

Apprendre à vivre ensemble

En tant qu’apiculteur, j’ai appris à ne pas diaboliser les guêpes. Leur comportement suit simplement les cycles de la saison. Quand les ressources se font rares, elles s’adaptent comme elles peuvent. Ce n’est pas de la méchanceté, mais une question de survie.
La meilleure réponse reste la prévention : maintenir des colonies fortes, éviter les odeurs de sucre à proximité des ruches et respecter l’équilibre entre nos abeilles et les autres insectes. La forêt, les champs et les jardins sont assez vastes pour que chacun y trouve sa place.

En conclusion

Guêpes et abeilles incarnent deux visages d’une même famille : la rigueur et la liberté, la douceur et la défense. Leur cohabitation, parfois houleuse, nous rappelle que la nature n’est ni gentille ni cruelle — elle est simplement juste.
Et quand, en fin d’été, je vois une guêpe rôder autour de mes ruches, je me dis que, quelque part, elle aussi fait partie de ce grand ballet vivant dont nous ne sommes que les témoins.

Par Antonin, apiculteur dans le Jura, fondateur d’Apiculturepassion.com


Vous avez aimé l’article et notre blog ? N’hésitez pas à en parler autour de vous ou lorsque vous vous rendez chez l’un de nos partenaires. C’est le meilleur moyen de nous aider !


Castelneuviens.fr – Le blog des habitants de Châteauneuf (Loire, 42)


Envoyez-nous vos informations à l’adresse : castelneuviens.fr@gmail.com ou via le formulaire.
Vous pouvez également utiliser le formulaire ci-dessous (s’il est disponible) pour nous contacter à propos du sujet abordé. Nous serons ravis de répondre à vos questions ou de recevoir vos contributions !